mardi 13 août 2013

"Le jardinage est un passe-temps pour femmes"

Que celui qui me dit encore que "Le jardinage c'est un passe-temps pour les femmes" ou que "C'est facile d'avoir un joli (sic) jardin quand on a une bonne terre" vienne un jour comme aujourd'hui, à 5 heures du matin, manier avec moi (ou à ma place!) une bêche, une pioche et une barre à mine pour extraire, centimètre par centimètre, des monceaux de schiste pour pouvoir offrir un trou de plantation ...correct à un arbre. 


Qu'il vienne s'agenouiller avec moi pour enlever une à une les pierres et les remplacer par de la bonne terre, du terreau, de l'argile tamisée et du compost.


Et puis, s'il n'en a pas assez, qu'il vienne tondre, grimper aux échelles pour tailler les haies, bêcher des bordures dans de l'argile merdique, se battre contre les campagnols, charrier des arrosoirs comme Sisyphe pour abreuver les plantes les plus fragiles qui crèvent toujours à un moment ou un autre de soif.

Qu'il vienne, oui.

Et qu'il sache que l'harmonie, comme le reste, elle a un prix.

Les cheveux en bataille, le visage en sueur, des bleus sur les bras, les épaules et les jambes. Des griffes sur les mains, de la terre parfois sous les ongles. Un jeans informe, couvert de boue, de taches de sève, d'herbe séchée ou de bave de limace. Des gants (sans doute pas assortis) troués, déchirés ou élimés, noirs de terre. Un tee-shirt sans style particulier, dans le même état que le jeans, avec des manches longues quand il fait chaud pour tailler les haies ou les rosiers, même si ça ne protège pas vraiment.

Et puis le dos qui fait mal, les genoux qui font mal, les épaules qui font mal, la nuque qui fait mal, pratiquement tous les muscles qui font mal quand durant toute la journée il a fallu tondre, bécher, arroser, creuser, extraire et déplacer des pierres.

Le visage en feu, avec la sueur et le soleil. Le sang qui cogne dans les tempes. Le coup de sécateur dans le doigt, parce que la fatigue de la fin de journée émousse l'attention. La branche dans l'œil. La branche, quand ce n'est pas l'arbre ou derrière l'arbre toute la forêt...

Qu'il vienne avec moi au jardin. Un jour. A 5 heures du matin en été avant de filer au bureau. Ou au coucher du soleil, lorsque la lumière déclinant, les contours se feront flous mais que je serai encore à jardiner parce que le temps dont je dispose pour le faire est vraiment trop court.

Qu'il vienne.
Qu'il mette des gants. Un jeans usé. Un vieux tee-shirt.
Qu'il prenne la barre à mine, la bêche, la pioche, les arrosoirs, le râteau.
Qu'il se courbe, pour être au niveau du sol. Et qu'il creuse.
Qu'il se mette à genoux enfin, pour tasser de ses mains nues la terre qu'il a remise autour du jeune arbuste qu'il vient tout juste de planter, au prix de bien plus d'efforts qu'il n'aurait jamais pu l'imaginer.
Qu'il passe sa main pleine de boue sur son front en sueur.
Qu'il regarde l'aube au loin et le soleil enfin se lever.
Qu'il soit fier de lui. 
Comme moi je l'étais ce matin.
 

 

2 commentaires:

  1. Bienvenue sur la blogosphère Sophie et longue vie à ce blog !!! Bisous

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  2. magnifique photo!!!!
    contente de te retrouver sur ce blog,j'aime bien te lire car tu as un véritable talent de conteuse!!!!!

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